Un politique forcé à l’exemplarité
Ignazio Marino a présenté jeudi sa démission après avoir accepté de rembourser 20 000 euros de frais de bouche payées avec la carte de crédit de la ville. Plusieurs milliers d’euros de notes de restaurants, payés avec la carte de crédit de la ville. Le maire de Rome, Ignazio Marino a présenté jeudi sa démission dans un message adressé aux Romains après les révélations de la presse italienne sur des frais de bouche litigieux. «J’ai fait mon choix: je présente ma démission», a déclaré dans son message Ignazio Marino, évoquant la perte du soutien de son Parti démocrate (PD) qui le poussait vers la sortie et ajoutant que «les conditions politiques» pour poursuivre étaient «très minces, voire inexistantes». Le maire de centre gauche a mis un minuscule bémol à sa démission, rappelant qu’aux termes de la loi il dispose de 20 jours pour changer d’avis. Ignazio Marino a précisé qu’il utiliserait ce délai pour voir s’il était possible de «reconstruire les conditions politiques» pour rester en place, mais l’entreprise semble extrêmement difficile, tous les principaux dirigeants du PD, y compris le chef du gouvernement Matteo Renzi, lui ayant tourné le dos. Si la démission devient effective dans 20 jours, le préfet de Rome devra nommer un commissaire qui va gérer la ville jusqu’aux prochaines élections, vraisemblablement au printemps prochain. Dans un communiqué mis en ligne sur sa page Facebook plus tôt dans la journée, le maire de la ville éternelle avait assuré que les 20 000 euros de note de frais visés par les médias concernaient des dîners ou déjeuners professionnels mais qu’il préférait rembourser pour mettre un terme à la polémique. Une partie de la presse italienne avait entrepris de décortiquer toutes ses additions, à la recherche de celle qui prouvera qu’il a dîné en tête-à-tête avec sa femme et non avec un ambassadeur ou un homme d’affaires. Ce «dinergate» n’est que le énième épisode d’un long feuilleton raconté à l’envi dans une partie des médias italiens, sur les gaffes, ratages et supposées malversations de cet ancien chirurgien, réputé jusqu’à présent plutôt honnête. Elu en 2013 pour cinq ans, le maire a d’abord été accusé d’avoir utilisé sans permis d’accès valide sa Fiat Panda personnelle dans le centre historique. Il est aussi critiqué pour avoir banni les voitures de la grande avenue longeant les forums antiques et limité les terrasses des restaurants sur les places ou trottoirs. Cet ancien professeur de chirurgie à l’université de Pittsburgh aux Etats-Unis est pourtant sorti indemne du scandale de «Mafia capitale», le plus gros ayant jamais atteint Rome, qui a révélé un vaste réseau de corruption impliquant des élus de tous bords, dont l’ancien maire de droite. Le pape lui-même a participé fin septembre à cette offensive, en démentant avoir jamais invité Ignazio Marino lors de sa visite à Philadelphie. Certains commentateurs se demandent parfois ce qui justifie pareille campagne de dénigrement à l’encontre de ce spécialiste reconnu des greffes d’organe, écologiste de gauche circulant à vélo, aimant la voile et la plongée sous-marine.Certaines y voient une forme de vengeance de la part de tous ceux qui tiraient profit du vaste réseau de «Mafia capitale». Mais d’autres y voient plus simplement la rançon de son incompétence et son inaction supposées face aux désordres d’une ville dont les habitants ne supportent plus les retards dans les transports en commun et la saleté dans les rues.