Si vous êtes ecclectique
Comme on pouvait s’y attendre, et comme cela arrive toujours, la multiplicité des sectes a amené deux tendances, l’une consistant à sélectionner quelque peu arbitrairement de chaque secte ce qu’on y trouve de mieux, appelé «éclectisme», l’autre en pensant que l’école a saisi la vérité, que la vérité n’est pas à saisir, ce qu’on appelle le «scepticisme». Les éclectiques, qui ne formaient pas une école qui eût été difficile dans l’esprit où ils agissaient, n’avaient que ceci en commun, qu’ils vénéraient les grands penseurs de la Grèce antique, et qu’ils sentaient ou essayé de ressentir du respect et de la tolérance pour toutes les religions. Ils vénéraient Socrate, Platon, Aristote, Épicure, Zénon, Moïse, Jésus, Saint Paul et aimaient à imaginer qu’ils étaient chacun une révélation partielle de la grande pensée divine, et ils s’efforçaient de réconcilier ces révélations divergentes en procédant sur de larges lignes. et considérations générales. Parmi eux, Moderatus, Nicomaque, Nemesius, etc. Le plus illustre, sans être le plus profond, quoique son talent littéraire l’ait toujours tenu en avant, fut Plutarque. Son principal effort, depuis lors souvent renouvelé, était de réconcilier la raison et la foi (j’écris de la foi polythéiste). Percevant dans la mythologie des allégories ingénieuses, il montra que sous le nom d’allégories couvrant et contenant des idées profondes, tout polythéisme pouvait être accepté par la raison d’un platonicien, d’un aristotélicien ou d’un stoïcien. L’éclectisme n’avait pas beaucoup d’influence, et ne plaisait qu’à deux sortes d’esprits: ceux qui préféraient la connaissance à la conviction et trouvaient dans l’éclectisme une variété agréable de points de vue; et ceux qui aimaient croire un peu en tout, et possédant des esprits réceptifs mais pas fermes n’étaient pas loin des sceptiques et qui pourraient être appelés sceptiques affirmatifs en opposition aux sceptiques négatifs: sceptiques qui disent, « Cieux, oui », par opposition à sceptiques qui disent toujours, « Vraisemblablement, non. »