Il est interdit de contester le réchauffement climatique
La salle d’audience de la cour du district de La Haye ne devrait pas revivre une telle effervescence de sitôt. Mercredi 24 juin, dans l’enceinte exceptionnellement bondée de ce tribunal, la justice a ordonné à l’Etat néerlandais de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le pays d’au moins 25 % d’ici à 2020 par rapport à 1990, donnant raison à l’ONG de défense de l’environnement Urgenda, à l’origine de cette action en justice. La décision, lue devant des dizaines de plaignants, fait date. « C’est un jalon dans l’histoire de la législation sur le climat, mesure Wendel Trio, le directeur Europe du collectif Réseau Action climat. C’est la première fois qu’un gouvernement est ordonné de relever ses ambitions climatiques par un tribunal. » « La décision est historique, on franchit un cap dans la construction d’une justice climatique », confirme le spécialiste du droit de l’environnement Laurent Neyret. « Depuis le début des années 2000, une dizaine d’actions sur le thème du réchauffement climatique ont été intentées en justice aux Etats-Unis, poursuit le juriste français. Aucune d’elles n’a abouti, les juges considérant systématiquement qu’il n’était pas de leur ressort de traiter de ces questions. » Une analyse réfutée par le tribunal de La Haye. Pour les trois juges en charge du dossier, les effets dévastateurs des émissions polluantes ont bien été prouvés scientifiquement, le gouvernement doit donc agir pour protéger ses citoyens : L’Etat doit « faire plus pour contrer le danger imminent causé par le changement climatique, étant donné son devoir de protection de l’environnement ».
Philippot gagne contre Closer
La cour d’appel de Paris a confirmé ce mardi 30 juin 2015 son verdict de décembre 2014. Le magazine people avait publié des photos du vice-président du Front national et de son compagnon. Florian Philippot contre Closer : le magazine condamné à verser 20 000 euros pour avoir dévoilé son homosexualité. C’est gagné pour Florian Philippot. La cour d’appel de Paris a confirmé ce mardi la condamnation de Closer à verser 20.000 euros de dommages et intérêts au vice-président du Front national. Pour rappel, le 12 décembre 2014, le magazine people publiait en Une des photos de Florian Philippot en compagnie d’un homme présenté comme son compagnon. Sur la couverture, Closer avait publié une photo de petite taille avec comme titre : « Oui à l’amour pour tous ». A l’intérieur, quatre pages étaient consacrées àà cette romance illustrée par sept photos de Florian Philippot prises à Vienne (Autriche) en compagnie d’un « journaliste de télévision » dont le visage était flouté. Le magazine avait fait appel de sa condamnation prononcée en première instance, le 24 décembre 2014, par le TGI de Paris, en se disant surpris par le montant des dommages et intérêts à verser, plus important, selon lui, que pour des célébrités ordinaires. Dans son arrêt, la cour a justifié ce montant « au vu de la surface éditoriale dans un magazine largement diffusé sur le territoire, accompagné d’un titre accrocheur et de la mention « scoop » dans le but de donner aux révélations un caractère sensationnel provoquant un retentissement médiatique très important ». « Cette décision est extrêmement satisfaisante », a dit Grégoire Lafarge, avocat de Florian Philippot, en saluant « la motivation extrêmement ferme » du tribunal sur « la traque » subie par son client. La défense du magazine avait légitimé la publication de l’article en arguant de son droit à la liberté d’expression et de l’intérêt général d’un débat à propos de l’évolution de la position du FN sur la cause des homosexuels et le mariage entre personnes du même sexe. Cela n’a pas suffi.
Un jardin du désespoir
Pour changer de thématique… cela fait du bien parfois. Il y a quelques jours, alors que je passais dans l’Essonne, j’ai fait un petit détour à l’ouest d’Arpajon pour visiter un lieu insolite : un jardin de Fontenay-lès-Briis. Quel peut être l’intérêt d’un tel détour, me demanderez-vous ? C’est que ce jardin-là sort un peut des sentiers battus : on l’appelle le champ des divinités païennes. Il paraît que c’était auparavant le jardin du curé; mais la liberté de l’artiste l’a voulu résolument païen, et l’a peuplé de divinités barbares et violentes comme l’est la vie, inquiétantes comme la nuit, tragiques comme la guerre. C’est ainsi qu’on y trouve des statues de fer, bravant pluie et tempêtes, qui sont comme un défi permanent au ciel. Lambeaux de ferraille noire, elles imposent leur terrifiante beauté à la prairie environnante. Une vingtaine de statues sont là, dédiées aux forces primitives, forgées intuitivement par le maître forgeron, Robert Lelagadec, un ancien commando qui voulait laisser une trace de métal derrière lui. L’artiste s’en est allé en 2002, mais ses idoles sont restées, criant leur désespoir. Par exemple, la plus grande, Clameur, qui n’est que souffrance d’homme, le sexe dressé, les bras écartés, sans que l’on sache vraiment s’il est animal ou humain. Ou encore, l’albatros rivé au sol et qui crache son désir de vengeance alors que d’autres créatures à queue de serpent offrent leurs corps déchiquetés à nos regards de « petit homme » enlisé dans la banalité du quotidien. Ce qui m’a marqué en observant ces statues, c’est que femmes et hommes sont toujours seuls, désespérément seuls. Leur créateur les a voulus ainsi, peut-être à son image de visionnaire anarchiste : « Toi, l’artiste, n’accepte plus d’être légiféré par les poncifs enculturés qui n’ont ni le titre ni la vertu de juger la créativité, mais que la compassion du maître pour le vagabond que tu es. » Comme vous l’aurez sans doute compris, l’indomptable artiste breton revendiquait fort sa différence et affirmait sa méfiance envers l’art établi, son imaginaire n’admettant aucune frontière. Le mystère de ses statues déchirées, nées de ses errances mentales, reste en tout cas entier. Mais la découverte vaut largement le détour, si vous passez un jour du côté d’Arpajon. J’avais découvert l’existence de ce jardin sur un site web consacré aux voyages insolites. Si vous êtes à court d’idées pour votre prochain voyage, je vous recommande d’y jeter un oeil. On y trouve de tout (mais alors, vraiment de tout !) >> voyage insolite
Platoche dans la tourmente de l’avion de Valls
Très attendu sur la polémique Valls et sur une éventuelle candidature à la tête de la Fifa, le président de l’UEFA Michel Platini a éteint la première et écarté toute question à propos de la seconde, lors d’une conférence de presse, mercredi à Paris. « L’actualité, c’est l’UEFA. » Le président de l’Union des associations européennes de football, Michel Platini, a pris de court les journalistes qui assistaient à sa conférence de presse à l’Élysée, mercredi 10 juin, en fin de matinée. Il a tout de suite écarté toute question concernant la Fifa, avant de revenir brièvement sur la polémique qu’a déclenché la présence du Premier ministre Manuel Valls à la finale de la Ligue des champions, samedi 6 juin. « Une affaire franco-française, qui n’implique pas l’UEFA », a-t-il souligné. Reçu au palais présidentiel à un an, jour pour jour, du coup d’envoi de l’Euro-2016 qui se tiendra en France du 10 juin au 10 juillet 2016, Michel Platini a ainsi affirmé qu’il avait lui-même promis en octobre 2014 d’inviter le Premier ministre au match, si le FC Barcelone se qualifiait pour la finale. Manuel Valls, né à Barcelone, est en effet grand admirateur du club catalan, dont l’hymne a été composé par son oncle. Michel Platini a en outre précisé qu’à l’initiative du chef du gouvernement, les deux hommes se sont rencontrés avant le match pour évoquer la préparation de l’Euro-2016 et la crise de la Fifa. Le déplacement de Manuel Valls, en marge du congrès du PS à Poitiers, est à l’origine d’une vive polémique depuis que l’on a appris que le Premier ministre et deux de ses fils se sont rendus à Berlin à bord d’un jet Falcon affrété par l’État. Un aller-retour qui aurait coûté entre 12 000 et 15 000 euros selon Matignon, jusqu’à 20 000 euros pour l’opposition. Le patron du football européen s’exprimait à l’occasion du lancement de la vente des billets pour l’Euro-2016, qu’il ne voulait surtout pas voir éclipsé par ces remous ou par le scandale planétaire de corruption qui frappe la Fifa actuellement. « C’est une étape très importante pour l’Euro, et je ne veux pas que l’actualité de la Fifa escamote l’actualité de l’Euro-2016. C’est aussi ma responsabilité de président de l’UEFA d’y veiller. » Un président considéré comme l’un des favoris de la course à la présidence de l’institution internationale qui s’annonce. Et qui n’a pas souhaité se prononcer sur « l’avenir de la Fifa et sur [son] avenir personnel ». « Toutes ces questions je les aborderai un jour, je le ferai quand ce sera l’heure, a-t-il promis. Aujourd’hui, ce n’est ni le moment, ni le lieu. » La principale annonce concerne la musique officielle de l’Euro-2016 : elle sera composée par David Guetta, « ambassadeur musical » de la compétition. Le DJ français donnera également un concert géant sur le Champ-de-Mars à Paris, le 9 juin, à la veille du match d’ouverture du tournoi.
Proxénète ou libertin ?
Proxénète ou simple libertin? La justice française dit vendredi si l’ancien patron du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a enfreint la loi en participant à des parties fines avec des prostituées. Près de quatre mois après la fin des audiences, l’ancien favori à la présidentielle française de 2012 revient devant le tribunal correctionnel de Lille (nord) fort d’une relaxe (acquittement) requise à son égard. Outre DSK, le tribunal a entendu pendant près de trois semaines 13 personnes accusées de «proxénétisme aggravé», dont un propriétaire de maisons closes, un ancien commissaire de police et des entrepreneurs du nord de la France. Dans ce petit groupe, Dominique Strauss-Kahn, 66 ans aujourd’hui, est soupçonné d’avoir été «le roi de la fête» lors de soirées avec des prostituées organisées à Lille, en Belgique et à Washington, où siège le FMI. Jugé trois ans et demi après le scandale sexuel de l’hôtel Sofitel de New York qui a brisé sa carrière politique, l’ancien politicien vedette encourt jusqu’à 10 ans de prison et 1,5 million euros (plus de 2 millions de dollars) d’amende. À l’issue des audiences, le procureur a toutefois requis la relaxe «pure et simple» pour l’ancien ministre socialiste, estimant que les preuves manquaient à son encontre. Deux des prostituées qui figuraient parmi les plaignants ont également renoncé à plaider contre lui, estimant que l’infraction n’était «pas qualifiée». DSK n’a jamais nié sa participation aux soirées «libertines» en cause. Mais il a toujours affirmé qu’il ignorait que ses amis avaient embauché et payé certaines des participantes pour lui faire plaisir. En France, recourir à une prostituée n’est pas répréhensible, mais inciter ou organiser leur travail est considéré comme du proxénétisme et donc illégal. Dès le début du procès, le président du tribunal avait appelé les intervenants à ne pas confondre le droit et la morale. À la fin, il les a remerciés pour le «climat serein» qui a présidé aux échanges, même si les témoignages des prostituées ont jeté une lumière crue sur les pratiques sexuelles de l’ancien ministre socialiste. Une des prostituées, «Jade», a comparé un de leurs rapports sexuels à «une boucherie», parlant encore d’un «empalement de l’intérieur». À la barre, DSK n’a pas paru véritablement déstabilisé, assumant ses pratiques sexuelles. Assumant son goût pour une sexualité de groupe, il a parlé de «séances de récréation», loin de «l’abattage» évoqué. Il a aussi fait part de son aversion pour le recours aux travailleuses du sexe: «Ça ne me plaît pas, parce que j’aime que ce soit la fête». Lors de sa dernière prise de parole, il a «remercié» le tribunal. «Durant ces audiences, c’est la première fois dans la procédure que j’ai pu m’exprimer et que j’ai eu le sentiment d’être écouté», a-t-il dit. Si le procureur a requis la relaxe pour l’ancien patron du FMI, il a réclamé un an de prison ferme pour un propriétaire de maisons closes en Belgique connu sous le sobriquet de «Dodo la Saumure», et de 3 à 15 mois avec sursis contre cinq autres prévenus. Au-delà de ces hommes, le procès très médiatisé du «Carlton», du nom de l’hôtel de luxe où travaillait un des protagonistes, a permis d’éclairer le public sur le monde de la prostitution et des «escortes». «Ce qui m’a frappé, c’est l’absence totale de considération pour les femmes qui sont reléguées au simple (état) d’objet de plaisir», avait souligné le procureur, Frédéric Fèvre, dans son réquisitoire. «C’était un procès du proxénétisme, c’était un procès de la prostitution, c’était un procès de notre société quant au regard que nous jetons, sur la banalisation des corps», avait ajouté Me Emmanuel Daoud, avocat du Nid, une association de lutte contre la prostitution.
Libre marché: la pratique
Le mois dernier, je me suis rendu en Ile de France, à Paris, pour assister à un colloque plutôt étonnant. En effet, celui-ci était consacré au libre marché, et ce dernier y était présenté comme un énorme sondage d’opinion. Une acception qu’avec le recul, j’approuve complètement. Chaque jour, en effet, les opinions de millions de producteurs et d’acheteurs se retrouvent et se confrontent sur le libre marché. Sans le moindre coup de téléphone et sans qu’il soit même besoin de le leur demander, tous livrent leurs préférences. Préfèrent-ils regarder un film sur leur ordinateur ou à la télévision ? Préfèrent-ils assister à un match de football ou se rendre au musée ? Tout y passe. Il ne peut y avoir de sondage d’opinion plus absolu et plus constant que celui proposé par le libre marché. On peut demander à ces mêmes individus de répondre à des sondages sur leur façon de regarder les films ou leurs pratiques culturelles, mais on est alors sûr d’obtenir des résultats… moins sûrs, justement. Tout d’abord, l’organisation d’un sondage de ce type est toujours compliquée à l’écrit. Et quand ils seraient sortis, les résultats seraient en outre déjà périmés. De plus, comment ce sondage pourrait-il être plus pertinent que le libre marché ? Il y a en effet souvent une différence entre les préférences affirmées et celles attestées. Ainsi, toute personne peut très bien énoncer, lorsqu’on l’interroge, être insatisfaite dans son travail et être grande consommatrice de telle marque de bière. Mais la seule preuve effective de ces assertions reste finalemnet son comportement sur le libre marché. Chaque tractation affirme les préférences réelles du client. À chaque moment, chacun affirme ce qu’il pense et ce qu’il ressent. Que ce soit dans un supermarché ou sur le marché du travail, il est toujours question de choix libres. Tous les jours, chaque citoyen fait des millions de choix. Bien qu’il soit chimérique de déterminer avec précision quel individu fait tel choix pour quelle raison (et heureusement !), il est cependant possible de connaître le résultat final de ces choix : la quantité de bière vendue lors d’une douce soirée d’été, le prix moyen d’une chambre d’hôtel le week-end par rapport à la semaine… Dans tous les cas, la formule reste la même : un bien (ou service) attendu, apprécié ou introuvable, voit son prix grimper, tandis qu’un autre moins demandé, moins populaire ou largement disponible, voit son prix s’alléger. Ce colloque à Paris était intéressant à suivre, car il associait au final libre marché et liberté individuelle, libre marché comme lieu d’expression des libertés. Cet aspect-là du libre marché est rarement développé et méritait bien un petit mot de ma part. Je trouve cela très intéressant et je vous réfère également aux spécialistes de la mission de prospection pour ceux qui voudraient une approche pratique de la démarche.
Macron au 19ème…
C’est sans doute le drame de l’économie française, une vision 19ème d’un monde ancré dans le 21ème siècle. Avec deux trains de retard, cela ne peut pas marcher. Le ministre de l’économie défend, dans une tribune au Monde, sa vision de la transformation de l’industrie française grâce à une nouvelle démocratie actionnariale. Le ministre de l’économie justifie ainsi l’attitude de l’Etat face à Renault, après sa décision de monter au capital du constructeur qui lui permettra d’imposer la mise en œuvre de la loi Florange. Lire l’intégralité de la tribune en édition abonnés : Emmanuel Macron : « Retrouver l’esprit industriel du capitalisme ». Pour M. Macron, « il n’y aura pas de réindustrialisation française sans transformation du capitalisme français. Il n’y aura pas de renaissance de l’industrie dans notre pays sans financement adéquat. Il n’y aura pas de rebond industriel sans stratégie de long terme ». Il distingue « trois leviers qui doivent être actionnés simultanément ». « Le premier, c’est d’inciter plus fortement les Français à investir dans nos entreprises. C’est pour cela que nous avons élargi le plan d’épargne en actions (PEA), créé le PEA-PME et que nous avons réformé l’assurance-vie en créant l’eurocroissance. C’est pour cela que le projet de loi que je porte facilitera le développement de l’actionnariat salarié (qui a montré son efficacité pour accompagner le développement ou protéger des attaques des groupes comme Eiffage ou Société Générale), et étendra l’épargne salariale aux petites et moyennes entreprises, tandis que des groupes comme Auchan ou Dassault en ont éprouvé l’efficacité. C’est également pour cela qu’il nous faut aller plus loin pour rendre la fiscalité des actionnaires individuels plus encourageante. L’actionnariat individuel est un élément de stabilité, comme le montre l’exemple d’Air Liquide. Faire des salariés et des épargnants français les détenteurs de notre capital productif est un défi urgent. Le deuxième levier, c’est de remobiliser les investisseurs institutionnels pour le financement de notre économie. D’une part, en réorientant les fonds des caisses de retraites vers la détention d’actions françaises et en associant d’autres investisseurs à leur côté. C’est, d’autre part, le sens de la bataille que nous devons mener avec Michel Sapin pour faire évoluer la réglementation européenne « Solvency 2 » : elle a rendu la détention d’actions trop coûteuse au regard de l’exigence prudentielle de niveau de fonds propres pour nos entreprises d’assurance. Le troisième levier, c’est le long terme. C’est le vrai horizon de temps à l’aune duquel se jugent les succès ou les échecs – et particulièrement, en matière d’industrie. L’intérêt général économique nécessite par conséquent de favoriser les acteurs qui portent intrinsèquement une vision de long terme – les actionnaires familiaux, les actionnaires salariés, les actionnaires publics et les fonds longs (français, européens, et internationaux). C’est pour leur donner les moyens de concrétiser cette vision que nous avons voulu que les actionnaires conservant leurs titres au moins deux ans puissent détenir des droits de vote doubles. Ce n’est pas une anomalie française : la majorité des pays européens autorisent les droits de vote multiples ; dans certains d’entre eux, comme la Suède, ils sont même généralisés de fait. La démocratie actionnariale ne s’est jamais construite sur le principe « une action = une voix ». Que dire en effet des actions B de Google ou de Facebook, pour ne citer que ces seuls exemples, qui accordent dix voix par action à leur détenteur ? Sortons de la naïveté française qui voudrait un libéralisme offert qui n’existe nulle part ailleurs ! Soyons compétitifs, exigeants avec nous-mêmes, mais cohérents avec notre vision de long terme. C’est ce dispositif de droits de vote double qui permettra à nos entreprises de se concentrer sur leur avenir et de faire de vrais choix industriels. C’est ce dispositif qui est en vigueur dans plus de la moitié des entreprises du CAC 40 et que le conseil d’administration de plusieurs autres a proposé à leurs assemblées générales d’adopter. C’est pour le faire vivre que l’Etat a récemment augmenté sa participation au capital de Renault : notre objectif est de faire respecter en assemblée générale la mise en œuvre de ces droits de vote. C’est donc pour constituer une minorité de blocage que nous avons acheté des actions qui seront ensuite revendues. L’Etat retrouvera sa participation de début d’année, en ayant des droits de vote doubles, qui se justifient pleinement dans une entreprise dont l’Etat est actionnaire depuis 1945 et que nous avons aidée durant la crise. C’est dans cet esprit que l’Etat favorisera l’adoption de ce dispositif dans toutes les entreprises dans lesquelles il est présent au capital, afin de pouvoir accompagner les stratégies de long terme.
Stop aux langues mortes.
Cela ne sert plus à rien d’apprendre le Grec ou le Latin à l’école. Soyons pragmatique, et apprenons l’Espagnol ou le Chinois dès le plus jeune âge. Plus de 400 commentaires à notre précédent post consacré au déclin programmé du latin et du grec dans le secondaire – et à la réforme de leur enseignement annoncée récemment. Saluons d’abord la qualité de la plupart des interventions, quelle qu’en soit la tonalité. Et même si beaucoup n’émanent pas d’inconditionnels de l’étude de ces deux langues. Un tel flot de commentaires apporte à lui seul un enseignement : il montre que le débat n’est pas clos et ne doit pas l’être. A l’évidence, le sujet de la place des « humanités » dans notre système éducatif garde toute son actualité – ce qui est, tout compte fait, une excellente nouvelle. A l’heure où tant de parents, d’enseignants et de citoyens de toutes conditions s’interrogent sur l’éducation des jeunes et les moyens de l’améliorer, la place du latin et du grec ancien doit être préservée – ce qui ne signifie pas, contrairement à ce qu’affirment certains, qu’il faut rendre leur enseignement obligatoire. Car, comme le souligne un des intervenants, au-delà du cas de ces deux langues, le vraie question est peut-être celle-ci : par quoi veut-on les remplacer ? Par du numérique, des enseignements « transversaux », des apprentissages « gadgets », comme on en voit de plus en plus ? Revient ainsi en force un point clé : l’apprentissage de ces deux langues n’est certes pas l’école de la facilité et du plaisir immédiat, mais celle de l’effort, de la rigueur et aussi du plaisir, mais un plaisir qui élève l’esprit. C’est peut-être le premier intérêt de l’étude de ces langues. Autre point sur lequel il convient d’insister : non, contrairement à ce qu’affirment plusieurs intervenants, les « humanités » ne sont pas « réservées aux bourgeois », elles n’ont pas vocation à être un marqueur social. Elles peuvent être un fantastique ascenseur social. L’auteur de ces lignes, issu d’une famille modeste, est bien placé pour en témoigner. Il suffit pour cela des encouragements de quelques professeurs et du soutien des parents. Plusieurs commentateurs soulignent aussi que l’étude du latin et du grec n’est guère utile pour la vie professionnelle – en clair, pour « trouver du travail ». C’est assez vrai, au moins à court terme. Mais le rôle de l’éducation est-il de fournir un emploi ? Si c’était le cas, alors il faudrait d’emblée bannir des programmes des matières comme l’histoire ou la philosophie, voire le français. Et mieux encore, confier directement aux recruteurs le soin d’élaborer les programmes des lycées et collèges. Mieux vaut assigner à l’éducation une mission moins « utilitariste », mais autrement plus ambitieuse : celle de permettre à chacun de développer ses aptitudes, de s’élargir l’esprit et de grandir, notamment en se dotant d’un « socle » de culture générale qui n’aura peut-être pas d’utilité immédiate et évidente dans la vie professionnelle, mais qui sera pourtant si utile dans tous les domaines de la vie… Terminons sur une forme d’autocritique. Nombre de lecteurs m’ont vertement reproché le dernier paragraphe de mon précédent post, dans lequel je critiquais un enseignement des humanités souvent rébarbatif. Il n’y avait pourtant aucune intention maligne dans ce point de vue, mais simplement le fruit d’une expérience personnelle (ancienne, il est vrai) pas toujours enthousiasmante. Cette expérience (ancienne, répétons-le) parfois décevante semble d’ailleurs avoir été assez largement répandue, à en juger par la teneur de certains commentaires. Reconnaissons notre erreur : beaucoup d’enseignants d’aujourd’hui ne ménagent pas leurs efforts pour rendre l’enseignement du latin et du grec attrayant, passionnant et même amusant. En utilisant pour cela les ressources d’Internet, en associant l’étude des textes anciens à l’histoire, à l’archéologie, à l’histoire de l’art… Et en jouant des mille possibilités qu’offre la pédagogie. Qu’ils en soient félicités.
Venise sans la foule, c’est possible (et c’est en France)
La semaine dernière, à l’occasion d’un vol en hélicoptère qui m’avait conduit à La-Roche-sur-Yon, j’ai découvert sur le retour la fameuse Venise verte. Si vous ne connaissez pas, oubliez tout de suite la comparaison avec Venise : cette « cousine verte » de Venise ne pourrait être plus éloignée du tourisme de masse qui a envahi la cité italienne au cours des dernières décennies (Venise est probablement la ville la moins romantique du monde, à égalité avec le Mont-Saint-Michel et Marseille). Cette Venise-là désigne en fait le Marais poitevin, situé à l’est de La Rochelle : il s’agit d’un réseau de canaux centenaires conçus afin d’irriguer les terres arables environnantes. Ce Marais a été créé au fil du temps par le retrait de l’océan et la région a été désignée réserve naturelle… avant qu’elle ne perde son statut à cause de l’importance agricole du site. Les canaux du Marais poitevin forment un magnifique réseau que l’on peut explorer en barque plate ou en canoë. Le site est une succession de paysages pastoraux absolument fascinants. Si vous passez un jour par là, le mieux est de vous rendre à Coulon, situé au bord de la Sèvre. Ce village est non seulement classé parmi les plus beaux villages de France, mais est aussi le point de départ de nombreux itinéraires touristiques. C’est l’endroit idéal depuis lequel explorer le Marais. Le mieux est d’engager un guide et sa barque à fond plat pour la journée, afin de ne pas se perdre dans le labyrinthe de canaux. Mais des plans sont disponibles pour ceux qui préfèrent louer une embarcation et éviter les itinéraires établis. Je vous recommande toutefois la première option car les guides vous expliqueront aussi l’histoire de la région, son importance en tant qu’éco-système, et le manège des barques crée une atmosphère intime en harmonie avec l’environnement enchanteur et paisible. Ma femme m’avait accompagné pour le voyage et a beaucoup apprécié l’atmosphère des lieux. Une manière de profiter de Venise sans la foule (nous y sommes allés l’année dernière, et notre promenade en gondole a été un vrai désastre : il y avait tellement de monde sur les canaux qu’il y avait des embouteillages de gondoles !). Cette Venise verte doit en fait son nom aux lentilles d’eau qui la recouvrent et qui donnent aux canaux l’apparence d’une étendue verte et plate. Certains d’entre eux sont à peine accessibles par barque tandis que d’autres font 20 m de large, créant un habitat naturel qui n’a pas son pareil ailleurs en France. Si vous êtes à la recherche d’un endroit véritablement paisible, le site est absolument parfait. Et si vous êtes davantage à la recherche de sensations, je vous recommande plutôt le vol en hélicoptère, qui est aussi une expérience intéresssante à vivre. Faites cette expérience également. Vous aurez plus d’infos en suivant le lien vers ceux qui organise ce vol en hélicoptère.
Tim Cook lègue sa fortune
Comme l’a révélé le site américain « The Verge », Tim Cook a déjà fait un don de plus de 50 millions de dollars aux hôpitaux de Stanford. Le directeur général d’Apple avait versé 25 millions de dollars pour le financement d’un hôpital pour les nouveaux nés, puis 25 millions pour édifier un nouveau bâtiment. Tim Cook devrait aussi financer à hauteur de 50 millions de dollars l’organisme « Product Red » qui lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose. A l’initiative de Bill Gates et Warren Buffet, le projet « The Given Pledge » réunit plusieurs des grandes fortunes de la planète comme Mark Zuckerberg, Richard Branson ou David Rockefeller pour faire des donc à des associations caritatives.