La fiscalité selon Cahuzac
Le gouvernement irréprochable. C’est le titre que souhaitait Hollande pour le film de son quinquennat. Décidemment rien ne va plus. Après la chute de popularité que même un alpiniste n’arriverait pas à remonter, le gouvernement se voit entaché du scandale Cahuzac. Et cela fragilise le gouvernement dans son ensemble. La démission de Jérôme Cahuzac est une décision qui honore l’homme, affaiblit le gouvernement et heurte les principes. Dès lors que le procureur accrédite sa mise en cause – d’une façon d’ailleurs très inhabituelle – sa position de ministre devenait intenable et elle risquait de nuire à l’exécutif tout entier. En même temps, il continue de nier, il n’est pas poursuivi et à ce stade, il n’y a aucun élément probant attestant qu’il ait eu un compte en Suisse. Il est plus que présumé innocent : il n’est coupable de rien ; pourtant, il a dû démissionner. Cette mesure de subsistance – couper la branche pourrie – semble pourtant totalement indolore. Bernard Cazeneuve s’est inscrit mercredi dans la continuité de Jérôme Cahuzac, qui a démissioné mardi soir de son poste de ministre du Budget. Mais Bernard Cazeneuve aura très peu de temps pour se glisser dans la peau du manieur de scalpel que le ministre démissionnaire du Budget avait su incarner, y compris auprès de l’opposition. « Je pense qu’il y aura peu ou pas de temps mort », a déclaré à Reuters le député socialiste Christian Eckert, rapporteur de la Commission des finances de l’Assemblée nationale. Ce que confirme l’entourage du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui assure que l’ex-ministre des Affaires européennes, passé du Quai d’Orsay à Bercy en moins de 24 heures, va s’atteler « immédiatement » au budget 2014, ministère par ministère. Pour Bruxelles, l’arrivée d’un nouveau ministère du Budget ne change pas la donne. C’est le ministre de l’Economie Pierre Moscovici qui continuera à défendre le dossier français. La Commission s’est contentée de prendre acte avec satisfaction de la rapidité avec laquelle le président François Hollande a réagi à l’ouverture d’une information judiciaire pour blanchiment de fraude fiscale à l’encontre de Jérôme Cahuzac. Ce qui semble supposer que pour une fois, François Hollande a su anticiper le problème, curieusement.